En tant que peuple, nous nous sommes contentés de voir dans les prophéties l'exposé de la place que nous occupons dans le monde chrétien. Une fois constitués en « Église », nous avons pu nous y creuser une niche, et triompher de ceux qui étaient moins habiles à lire les Écritures : c'est devenu la forteresse de notre « ego ».


Mais cette assurance intellectuelle porte en elle les germes de la défaite, car « le temps de l'épreuve » doit finalement comporter une confrontation avec soi-même afin que « l'homme de péché » soit démasqué. C'est pour cette raison que le dernier combat du peuple de Dieu, juste avant le second avènement de Christ, a été comparé à l'expérience de Jacob. Par l'humiliation, la repentance, le renoncement à soi, ce pécheur mortel et égaré prévalut sur la Majesté du ciel et l'usurpateur devint un prince avec Dieu. Dans la salle d'audience du Très-Haut il devint un vainqueur. C'est avec lui-même qu'il avait été confronté. Son « égo » fut mis à nu et sa faute fut engloutie devant Celui contre qui il avait si gravement péché.


Comprenons bien que Dieu ne luttait pas contre Jacob, mais c'est Jacob qui était aux prises avec Dieu. Dieu aurait pu à tout moment écraser l'usurpateur. Jacob le regardait comme son ennemi car à la lumière de sa présence, sa culpabilité et son péché étaient violemment éclairés et il était virtuellement vaincu. C'est la triste histoire de tous les efforts de Dieu pour s'approcher de l'homme. Cela a commencé dans le jardin d'Éden. Lorsque Dieu s'approche, l'homme fuit et se cache. Quand est-ce qu'un groupe de personnes tiendra bon sans crainte et fera face à son péché, pleinement dévoilé en présence de Dieu, et étreindra son Dieu Créateur sans réticence au lieu de lutter contre lui, plein de méfiance?


Mais pour le moment, le temps d'épreuve est encore à venir et nous nous contentons d'être forts intellectuellement plutôt que spirituellement. Cela nous a permis de fabriquer des modèles de robes de sacrificateurs fignolées dans les moindres détails et de construire de merveilleux modèles réduits du sanctuaire. Nous savons exactement combien de coudées de long et de large avait le bâtiment. Nous connaissons la couleur des tentures, la hauteur des murs, l'éclat du plafond, la splendeur de l'arche recouverte d'or. Nous savons tout des pelles, des bassins, des crocs à viande, des braseros. Mais la question est celle-ci : comprenons-nous le dessein de Dieu quand il a donné à son peuple le service du tabernacle? Est-ce que le « Reste » comprend le conflit implacable entre le péché et la justice qui es manifesté dans le culte du sanctuaire? Attachons-nous beaucoup d'importance aux paroles de l'Agneau véritable, lorsqu'Il a dit : « Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs » ?


Nous avons besoin de comprendre que c'étaient des personnes, des êtres humains comme nous, qui étaient l'objet de l'attention de Dieu et de son Fils. L'espèce humaine tout entière motivait le service du sanctuaire, tous étant pécheurs. L'Israël de jadis avait besoin de comprendre cela, et l'Israël moderne en a besoin aussi, car nous aussi nous avons confondu les « actes » avec le péché fondamental. À la suite de nos ancêtres spirituels nous sommes encombrés de notions de l'ancienne alliance. Le service que Dieu donna concernait « l'effacement » du péché et cela demeure le grand problème au coeur de l'homme « car c'est du coeur que viennent les mauvaises pensées... »


Nous avons reçu beaucoup d'instructions concernant l'oeuvre que Christ est en train d'accomplir en ce temps. On nous avertit d'avoir à prendre conscience de cette partie vitale du plan du salut :


La signification de l'économie judaïque n'est pas encore pleinement comprise. Des vérités immenses et profondes sont enveloppées de mystère. Par une connaissance du plan de la rédemption, ces vérités sont offertes à l'entendement.


Le plan grandiose de la rédemption, tel qu'il se révèle dans l'oeuvre finale en vue de ces derniers jours, devrait être examiné avec la plus grande attention. Les scènes qui sont en relation avec le sanctuaire céleste devraient faire sur les esprits et les coeurs de tous une impression telle qu'ils puissent la communiquer à d'autres. Tout le monde a besoin de mieux comprendre l'oeuvre de l'expiation qui se poursuit dans le sanctuaire céleste. Lorsqu'ils auront vu et compris cette grande vérité, ceux qui la soutiennent oeuvreront en harmonie avec Christ à préparer un peuple qui se tiendra debout au grand jour de Dieu, et leurs efforts seront couronnés de succès. Par l'étude, la contemplation et la prière, le peuple de Dieu sera élevé au-dessus des pensées et des sentiments terrestres vulgaires, et sera mis en harmonie avec Christ et sa grande oeuvre de purification du sanctuaire céleste des péchés du peuple. Par la foi, ils entreront avec Lui dans le sanctuaire et sur la terre les adorateurs examineront leur vie avec soin et compareront leur caractère au grand modèle de justice.


Cet appel à l'Église est toujours d'actualité. Occupés à codifier une organisation impressionnante qui manie les statistiques et les relations publiques, nous avons négligé les « vérités immenses et profondes » qui ont été déposées entre nos mains. Lorsque la « grande vérité » de l'expiation qui a lieu dans le sanctuaire céleste sera vue et comprise, le peuple de Dieu oeuvrera en harmonie avec Christ à préparer un peuple qui se tiendra debout au grand jour de Dieu, et leurs efforts seront couronnés de succès. Si nous estimons que Nicodème avait l'esprit obtus, qu'en est-il de nous, par comparaison, dans le temps de la fin?


Péché véritable et culpabilité


Le péché est entré dans le monde d'une manière mystérieuse et masquée. Il n'est pas venu par quelque action manifeste et terrible, ni même par une parole. Le péché est devenu une réalité, porteuse de mort, lorsqu'un être créé s'est abandonné à l'amour de soi et s'est inconsciemment proposé de prendre la place du Créateur. « J'élèverai mon trône », mon rang, mon domaine, mon influence, mon pouvoir - « je serai semblable au Très-Haut », tel était le secret dessein de Lucifer (Ésaïe 14:14). C'est cette même alliance avec soi qui mit Adam sous la domination du péché. Il ne comprit pas l'entière signification de cette exaltation de soi sinon elle aurait été fatale. Ce qu'il comprit de suite c'est un terrible sentiment de culpabilité. Cette culpabilité, était précisément le fardeau que Dieu ne voulait pas qu'il porte.


Cette angoisse provoquée par la culpabilité le fit s'enfuir loin de la présence du Seigneur. Il était convaincu que Dieu était devenu son ennemi et n'avait aucun désir de le voir, car le « moi » avait cherché à prendre la place du Créateur. En conséquence, tout plan de rédemption que Dieu pourrait former pour l'homme se heurterait au problème d'arracher de son esprit cette « conscience de la culpabilité ». Cela impliquerait aussi de lui faire comprendre ce qui avait introduit dans sa pensée ce complexe de culpabilité.


L'arbre que le Seigneur avait interdit était l'arbre de la connaissance du bien et du mal. La connaissance ne peut résider que dans la pensée. Cela signifiait que, en cas de désobéissance et de péché, c'est la pensée qui serait impliquée et deviendrait corrompue. À partir du moment où l'homme choisirait de servir le « moi » au lieu du Créateur, il connaîtrait quelque chose qu'il ne connaissait pas auparavant. Ce qu'il a appris à connaître par sa rébellion, c'est la culpabilité.


Cette culpabilité a conduit l'espèce humaine à inventer d'innombrables cultes et philosophies différents. Elle est la pierre angulaire de toutes les notions païennes de Dieu, et la racine de toutes les doctrines d'expiation et d'apaisement, et de l'espoir vain de se concilier la divinité. Elle tourmente la vie de tout pécheur impénitent et crée le désir de se libérer de son oppression. Elle est la racine de beaucoup de souffrances physiques et mentales et elle a un rôle important dans l'apparition des névroses. C'est cette souffrance morale de la culpabilité qui amena Adam à rendre sa femme responsable de sa transgression. Celle qu'il aimait tendrement devint la cible de ses accusations, parce que sa faute accablait son esprit et écrasait son âme. Son Ève bien-aimée fut prise dans le même piège et chercha à alléger l'angoisse de son âme en accusant le serpent.


Cet ardent désir de se libérer de la culpabilité a poussé le genre humain à rechercher sans cesse ce qu'il fallait faire pour se délivrer de ce complexe. Cette culpabilité a été le ressort de la force motrice qui a créé « la justice par les oeuvres ». C'est une motivation inextinguible aussi longtemps que persiste la culpabilité. C'est là que l'évangile devient le remède. La liberté qu'apporte l'Évangile vient d'une confrontation avec lui. Il est la puissance de Dieu, et la puissance de Dieu pardonne, purifie et fortifie l'âme humaine.


Néanmoins, la « religion » n'a pas été inventée par Dieu. Son dessein était de s'entretenir face à face avec ses enfants. Cette relation ne put se poursuivre parce que l'homme aspira à « être comme Dieu » et à prendre sa place. L'homme se trouva donc dans l'embarras. Cela signifie que le problème qui se pose à Dieu est d'amener l'homme à voir l'inimitié qui le dévore. Cela présuppose une repentance et un aveu de l'aliénation qui existe. En se voyant tel qu'il est réellement, l'homme comprendra que sa propre « justice » le laisse « nu », en manque de vêtement émanant de la Source qui procure « la robe blanche », la justice de Christ.


Les Adventistes n'ont pas coutume de considérer tout ceci lorsqu'ils songent qu'ils sont des membres d'église. Trop souvent la préoccupation principale est de gagner le ciel. Dans une large mesure, on néglige le problème du péché. On espère être « assez bons » pour apaiser un Dieu irrité, mais cette façon de penser est identique à celle qui motive les religions païennes. Le principe selon lequel l'homme peut se sauver lui-même par ses propres oeuvres est la base de toutes les religions païennes et n'assure aucune barrière contre le péché. Mais il a une longue histoire dans le peuple de Dieu, et dans nos temps modernes il n'a fait que devenir plus subtil. L'Église ne chantera pas le cantique de Moïse et de Christ tant qu'elle ne sera pas décidée à renoncer à sa propre assurance de salut afin que le nom de Dieu puisse être glorifié.


Leur désir final renaîtra et s'élèvera au-dessus de leurs préoccupations personnelles pour se fixer sur ce qui intéresse l'univers entier.


L'ancien Israël espérait en la venue du Messie. Il libérerait leur nation de l'oppression, et leur nom serait vengé à la face du monde entier. Cela prouverait que Dieu était pour eux et ils seraient délivrés du péché. Les disciples de Christ avaient des vues et des motifs semblables. De tout côté, dans notre Église aujourd'hui, se développe la même idée, car presque toutes les prières publiques s'achèvent sur cette pensée : Lorsque tu viendras Seigneur sur les nuées du ciel, nous te prions pour qu'aucun ne se perde, et que nous puissions avoir place dans ton royaume.


Dieu a-t-il besoin qu'on lui rappelle constamment cela? Ignore-t-il un verset de l'Écriture qui dit clairement que c'est Dieu qui a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique? De telles prières ne seraient-elles pas l'expression sans doute inconsciente de la culpabilité? Un espoir égoïste subsiste que Dieu, malgré toutes les apparences contraires, d'une façon ou d'une autre, nous gratifiera d'une place où les soucis, les fardeaux, les charges et les tracas de cette vie prendront fin. Honnêtement, demandons-le nous, le but que nous poursuivons en tant que chrétien et en prenant le nom de Christ, est-il l'intérêt personnel? Peut-être que oui, jusqu'à ce que nous prenions conscience que le péché n'est pas l'obstacle qui se dresse entre nous et la récompense, mais qu'il est plutôt le fardeau de peine et de souffrance qui s'interpose entre Dieu et un univers purifié. La solution de Dieu pour ce problème, c'est la purification du sanctuaire.


Ceci peut faire comprendre le sermon de Paul à l'Aréopage, où il décrit la patience de Dieu : Dieu, sans tenir compte des temps d'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils aient à se repentir. Pourquoi sommes-nous appelés à nous repentir? Avons-nous un vice particulier? Nous repentir de quoi ?


Ce même appel à la repentance avait été lancé par Jean le Baptiste. Il avait été amplifié et répété par Christ aussitôt après son baptême et la tentation dans le désert. C'est là que Christ, qui est « venu dans la chair », a résisté à la tentation de pratiquer le culte de « soi », et a proclamé au contraire que tous doivent « adorer le Seigneur Dieu ». C'est là que Christ a commencé, d'une manière toute particulière, à démontrer à l'humanité que le péché pouvait être vaincu par la Parole de Dieu, si l'homme consentait à vivre par la foi. Jésus savait de quoi il parlait quand il appelait l'homme à se repentir d'avoir servi le « moi » et désiré prendre la place de Dieu. Il avait possédé cette place même, mais il avait considéré que d'« être égal avec Dieu » n'était pas chose à convoiter, à arracher comme une proie et s'y cramponner. Il était capable de comprendre et d'envisager cet égoïsme de l'âme tel qu'il dut le surmonter à Gethsémané. Ainsi fut démontrée la validité de la loi suprême de l'univers. Dieu ne pouvait pas être complice d'une fuite face à la croix.


Mais l'appel de Christ à la repentance ne fut pas entendu. L'homme devait se donner la preuve de la racine de son péché : son désir de prendre la place de Dieu, sa volonté de le tuer. C'est ainsi qu'au Calvaire, la preuve en fut établie pour l'éternité. C'est à ce péché que l'Église doit être confrontée et dont elle doit se repentir. C'est la source cachée de toutes les autres transgressions. La compréhension de ce drame est encore dans l'avenir, aussi la culpabilité demeure.


L'enregistrement du péché


Lorsque nous comprendrons et réaliserons le fait que « le véritable péché » est la volonté de tuer Dieu, alors nous saurons que Christ fut réellement chargé du péché de l'homme. Il a pris notre péché. Sans un murmure, le Sauveur a accepté la preuve suprême de la haine. Non seulement il a porté les péchés de l'humanité, mais il a porté le péché humain du meurtre de Dieu exposé à la face de l'univers. Comme un agneau il est venu à l'abattoir et nous l'avons tué. Lorsque nous parviendrons à voir et à comprendre ce péché-là, nous pourrons nous repentir véritablement. Lorsque nous saisirons que c'est de cette manière que le sanctuaire a été souillé, nous comprendrons quelle est la tâche qui attend l'Église.


Cela contraste nettement avec l'idée de la nécessité d'apaiser la divinité. Le Père céleste s'est associé avec le Fils pour nous montrer la profondeur du péché dans nos coeurs. C'est Dieu qui a tant aimé le monde qu'Il a donné. Il n'y avait aucun autre moyen de nous montrer à quelle profondeur le péché était enfoui dans nos coeurs, à quel point nous en étions inconscients, avant que nous ne vissions le sang couler réellement. À l'aide du collyre qui nous était accordé par le ciel pour voir cela, nous comprendrions que sans effusion de sang il n'y a pas de pardon. Il était donc nécessaire que les images des choses qui sont dans les cieux soient purifiées (avec le sang des animaux), mais les choses célestes elles-mêmes par des sacrifices plus excellents, le sang même de Christ.


Pendant des millénaires les Juifs avaient vu couler le sang des animaux, mais ce n'était qu'une figure, une réalité vétérotestamentaire. Il leur restait à comprendre la nouvelle alliance et à éprouver la signification de cette effusion de sang quand elle s'intégrerait à leur vie, en allant à la croix avec l'Agneau véritable. Ceci est encore l'expérience que doit faire l'Israël moderne. Aussi longtemps que cette expérience n'a pu atteindre nos coeurs, purifier nos consciences et amener la repentance, Dieu ne peut rien faire de plus. Le ciel n'a rien de plus à offrir pour réveiller nos consciences.


Notre action a été consignée dans un livre. Si jamais dans l'éternité une question se posait, un regard sur le livre suffira; l'affaire sera close. Pour ceux qui vivront et régneront avec Christ, en sa présence, face à face, jamais il n'y aura le moindre doute. Avec une repentance profonde, ils reconnaîtront qu'ils ont fait ce qui est écrit. Ils ne cesseront jamais de confesser leur péché. Parce que Christ est le Verbe fait chair, le portrait et la représentation complète de Dieu pour l'homme, il est aussi le livre. C'est dans ce « livre de vie de l'Agneau » que les membres du véritable peuple de Dieu sont inscrits. On nous a dit : comme Aaron, qui était un symbole de Christ, notre Sauveur porte sur son coeur les noms de tout son peuple dans le lieu saint. Ainsi les rachetés reconnaissent spontanément et sincèrement leur péché contre Dieu et confessent que la marque des clous est la conséquence de leur inimitié - leur péché contre Dieu enregistré dans le livre pour toute l'éternité.


De l'autre côté, les damnés croiront que Dieu a été suffisamment apaisé, qu'il a déchargé sa colère sur son Fils suffisamment pour calmer son irritation, et permettre ainsi aux prétendus fidèles d'échapper au jugement. Ils se satisfont de l'idée que l'Église du reste; ne sera rendue parfaite qu'au second avènement de Christ. D'ici là, le péché n'est pas néfaste à ce point puisque Dieu s'est déjà vengé, aussi nous n'avons pas à nous en soucier. En vérité, il n'y a pas même matière à repentance - certainement rien d'aussi grave que le meurtre de Dieu! Ils refusent d'avouer une participation quelconque dans une telle action, car ce serait trop contraire à la dignité de leur « moi ». Ils se réjouissent que Dieu ait exercé sa vengeance sur Jésus plutôt que sur eux. Pour eux, il n'est guère besoin de purifier le sanctuaire.


Mais les faits sont enregistrés dans le livre, en Christ, par la marque des clous, cela tranche la question et sépare les rachetés des damnés. Avec une humilité et une repentance profondes ceux-là avouent leur péché, confessent qu'ils ont enfoncé les clous par suite de leur haine. Mais plus encore qu'un simple aveu, l'expiation finale comportera une conviction intime, atteignant l'inconscient si profondément et avec une si totale sincérité que l'impact de cette vérité conduira à une réconciliation complète de l'homme avec Dieu. L'homme ne s'enfuira plus pour se cacher; il n'y aura plus de confusion en présence de Dieu; toute inimitié a été balayée. Enfin il se réjouira sans réserve que le voile ait été déchiré, que son péché ait été mis à nu, et qu'il puisse se tenir devant Dieu sans honte, avec un amour sans limites.


Toute cette expérience fera comprendre et confesser au véritable peuple de Dieu, le Reste, « les élus mêmes » que c'est leur péché qui a souillé le sanctuaire. C'est par leur main que l'Agneau fut tué et c'est son sang qui est répandu devant le voile dans le lieu saint, et ainsi, de cette manière le péché est consigné.


Crosier avait dit aux premiers croyants adventistes : « La nécessité de purifier les choses célestes découle de l'expiation qui y est faite par le sang de Christ pour la rémission ou pardon des péchés et la purification de nos consciences. » De cette manière le péché de l'homme a été enregistré lors de l'ascension de Christ et il est inscrit. Ce péché, consigné avec le sang versé par nous, attend d'être ôté. Il n'a pas encore été effacé. Cependant, depuis 1844, en accord avec le type, cette tâche aurait dû être accomplie et l'heure a sonné maintenant pour l'ultime purification du péché telle qu'elle est requise au Jour de l'Expiation.


Qu'est-ce que Christ a fait? On nous dit qu'Il a poursuivi son oeuvre d'une manière particulière en faveur de l'homme déchu.


Son intercession est celle d'un corps percé et brisé, d'une vie sans tache. Les mains blessées, le côté transpercé, les pieds meurtris plaident pour l'homme déchu, dont la rédemption a été achetée à ce prix infini. Et le dessein de paix sera entre eux deux. L'amour du Père non moins que celui du Fils est la fontaine du salut pour la race perdue. Jésus dit à ses disciples avant de les quitter : « Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père Lui-même vous aime. »


La vérité ici exprimée est exactement l'opposé des idées païennes et papales. Qui a besoin d'avoir connaissance du corps brisé? L'homme. Qui a besoin de reconnaître les mains blessées? L'homme. À qui s'adresse ce plaidoyer? À l'évidence, ceux qui ont besoin de savoir, c'est nous. Mais pourquoi nous? Parce que le Père connaît parfaitement toute l'histoire, il n'a nul besoin d'être convaincu ni prié au sujet de la situation - pas même par Jésus.


Ce plan prévoyait que depuis l'époque de la croix et de la mission évangélique jusqu'en 1844, le message devait être annoncé au monde. Puis, au temps de la fin, en 1844, une nouvelle oeuvre devait commencer. L'heure du jugement de Dieu était venue et quelque chose qui n'était jamais arrivé auparavant devait se produire. Le jugement de Dieu devait se faire sur la base de l'évangile éternel qui, selon ce qu'avait dit le second ange, s'était corrompu entre les mains de Babylone qui a abreuvé toutes les nations du vin de la fureur de son impudicité. Son vin, ses fausses doctrines avaient été reçues par toutes les nations à la place du véritable Évangile. Le monde entier devait être averti de cette perversion terrible de la vérité. Cet unique et ultime jugement de Dieu ne serait pas une manifestation extérieure de colère et de vengeance. Ce serait plutôt une dernière et irrésistible conviction intérieure du peuple de Dieu, sans aucun malentendu quant à son caractère et à sa justice. Cela mettrait fin à l'iniquité et justifierait son nom.


Le vrai péché vaincu par le message du troisième ange


Le message du troisième ange contient tout ce que l'Église Adventiste du 7e Jour en a proclamé. Il se peut qu'il contienne beaucoup plus que ce qui a été proclamé jusqu'à ce jour. Nous avons déjà signalé que c'est ce même message qui montre le chemin vers le lieu très saint. Mais Babylone et toutes ses filles, le christianisme évangélique courant, méprisent et rejettent toute la conception de ce plan de traitement du péché et dès lors elles ne sauraient bénéficier de ce travail de purification du sanctuaire. Ce rejet par des théologiens en vogue cause une grande duperie, au sujet de laquelle nous avons été avertis :


Je vis que, de même que les Juifs ont crucifié Jésus, de même les églises en général avaient repoussé ces messages, dès lors elles n'ont aucune connaissance du chemin qui mène au lieu très saint, et elles ne peuvent bénéficier de l'intercession que Jésus y exerce. Comme les Juifs qui offraient leurs vains sacrifices, elles font monter leurs vaines prières vers les lieux que Jésus a quittés; et Satan content de la duperie, arbore un caractère religieux et amène à lui l'esprit de ces prétendus chrétiens... Lui aussi il vient comme un ange de lumière, et il répand son influence sur la terre au moyen de pseudo réformations. Les églises exultent, et considèrent que Dieu travaille pour elles merveilleusement, alors que c'est l'oeuvre d'un autre esprit.


L'avertissement du troisième ange au sujet du culte rendu à la bête présente une situation critique. Si les églises nominales ignorent ce que Christ fait actuellement et acceptent en conséquence « de pseudo réformations » comme étant authentiques, offrent de « vaines prières » et ont l'esprit de Satan lui-même, sans aucun doute la tromperie est presque à son comble et « les élus eux-mêmes » sont en danger. Mais plus sérieusement, si les églises en général « ne peuvent en bénéficier », cela signifie que, sans scrupules et tout à fait satisfaites, elles poursuivent leur chemin selon le cycle péché/pardon en sorte que le plan de Dieu pour purifier et « effacer » le péché est contrecarré. Elles veulent bien invoquer l'Évangile tel qu'elles le comprennent pour se protéger des conséquences de leurs actes, mais pas des actes eux-mêmes. En conséquence, le but de l'Évangile - « mettre fin à la transgression » - est manqué.


Il est temps de prendre conscience que la bête dont parle le troisième ange est beaucoup plus qu'un système symbolisé par Rome. Ce sont toutes les fausses doctrines répandues dans le monde, depuis le mensonge du serpent en Éden jusqu'à la Babel de Nemrod, le paganisme qui, des siècles plus tard, allait devenir le corps constitué de la papauté jusqu'à nos jours. Le système corrompu n'était que l'instrument d'un dessein, un procédé de l'ennemi pour présenter un front commun face au gouvernement de Dieu après qu'il eût envoyé son Fils.


Ce paganisme déguisé a, par sa hiérarchie, produit l'un des rituels les plus mystiques qui se voient encore dans la société moderne. Il fait toujours que le mystère entoure et masque un système qui obscurcit la pensée inconsciente, et la maintient enfouie et isolée de la conscience. La preuve visible de la corruption intérieure du coeur humain est évidente dans la célébration de la messe, lorsque des paroles mystérieuses sont prononcées pour faire apparaître un petit dieu de chair et de sang. Ce qui s'accomplit là est un reflet du péché fondamental de l'homme qui tue Dieu, mais est tout aussi diabolique, car dans les deux cas on a fait disparaître le vrai Dieu. Ce qui motive le désir de tuer Dieu et ce qui motive le désir de créer un dieu en prononçant une parole comme on le fait à la messe, ce sont des manifestations du même esprit d'apostasie. Ces aberrations ont toutes deux leurs racines dans la même motivation de mettre l'homme au-dessus de Dieu lorsque règne l'ego et que l'hommage suprême est présenté au moi. Ce péché n'est pas particulier à Rome, mais il donne l'exemple de ce qu'est le coeur humain toutes les fois qu'il érige quoi que ce soit en opposition au vrai Dieu.


Jésus s'efforçait de faire voir à son peuple le fondement de son royaume quand il dit : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix et qu'il me suive. » La religion de l'Ennemi a arraché la croix en tant que principe, et a mis à sa place un simple emblème, un signe, un talisman dont se repaît l'ego de l'homme et qui encourage les oeuvres pour le salut. De plus en plus la croix en tant qu'emblème fait obstruction au véritable Évangile et entrave l'expérience même qu'elle est censée représenter. Le combat qu'indique la croix est celui-là même qu'on invoque pour éviter celui qui est authentique. Résultat, on laisse Jésus porter seul la croix!


Les faux enseignements de la bête se sont infiltrés dans toute la société. Toutes les nations ont bu du vin de la fureur de son impudicité. Chacune des doctrines essentielles du véritable christianisme a été corrompue et teintée de paganisme. Le message du troisième ange doit sonner l'alarme contre tous ces mensonges et cette contrefaçon de la foi propagée par la bête. Ce message doit montrer le chemin vers le lieu très saint. Ce message du troisième ange est le message de la justification par la foi dans sa vérité, et le rejet de ce message conduit, dans les églises du monde, à l'état de déchéance qui leur vaut le qualificatif « la demeure des démons et le repaire de tout esprit impur ».


Cela signifie que, à moins que l'Église Adventiste du 7e Jour ne fasse connaître ce message du troisième ange clairement, sans compromission, en le démarquant bien d'un « évangile social » ou, comme Paul en avertissant les Galates, d'un « autre évangile », rien ne pourra empêcher le temps de continuer indéfiniment. En référence au « tabernacle véritable » cela signifie que la purification ne peut être achevée avant qu'il y ait un groupe de personnes voulant être purifiées.


Pour cette raison l'Église attend aujourd'hui l'accomplissement de la déclaration faite il y a bien des années :


La pluie de l'arrière saison tombera sur le peuple de Dieu. Un ange puissant descendra du ciel et toute la terre sera illuminée de sa gloire. Sommes-nous prêts à prendre part à l'oeuvre glorieuse du troisième ange? Nos vases sont-ils prêts à recevoir la rosée céleste? La souillure et le péché sont-ils dans nos coeurs? Si oui, purifions le temple de l'âme et préparons-nous aux ondées de la pluie de l'arrière saison. Le rafraîchissement de la présence du Seigneur n'atteindra jamais des coeurs pleins d'impureté. Que Dieu nous aide à mourir à nous-mêmes, afin que Christ, l'espérance de la gloire, puisse se trouver dans nos coeurs!


La pluie de l'arrière-saison « ne viendra pas » tant que le peuple de Dieu se contentera des conditions actuelles et ne comprendra pas ce que signifie réellement la purification du sanctuaire. Ces deux bénédictions du ciel, la pluie de l'arrière-saison et la purification du temple de l'âme vont de pair. Cette notion vient du ciel :


Aucun d'entre nous ne recevra le sceau de Dieu aussi longtemps que nos caractères auront la moindre tache ou souillure. C'est à nous qu'il revient de remédier aux défauts de notre caractère, de purifier le temple de l'âme de toute souillure. Alors la pluie de l'arrière-saison tombera sur nous comme la première pluie tomba sur les disciples au jour de la Pentecôte.


De plus en plus au cours des ans on a vu apparaître dans la société adventiste des emblèmes, des logos et des sculptures des trois anges. Mais ceci n'est pas sans danger car toutes les fois que, ou partout où la vérité perd de sa force, on cherche à assurer son identité et sa dignité par des insignes et des cérémonies extérieures. Ces symboles ne sauraient pas davantage remplacer la compréhension du travail des trois anges que l'exhibition de la croix ne peut faire comprendre l'Évangile. Tant que l'on n'aura pas compris cela, cet autre ange d'Apocalypse 18:1, ne pourra accomplir la tâche qui lui a été assignée car son travail doit venir compléter celui des trois anges. Cela signifie que l'achèvement du jugement/purification de la fin des temps dépend de l'accomplissement de la tâche dans le sanctuaire conformément au plan de Dieu.


Tout véritable membre d'église est impliqué dans cette oeuvre de purification.


Le véritable dessein de l'Évangile


La Bible enseigne clairement que sans effusion de sang il n'y a pas de rémission des péchés. Cela signifie qu'avec l'effusion du sang il y a un état sans péché et cet état sans péché est la nature même de Dieu Lui-même. Nous pouvons nous enquérir respectueusement : pourquoi cela est-il vrai, et comment Dieu est-il sans péché? La réponse est donnée par la Parole. L'effusion du sang remonte à l'origine du péché, lorsque l'éternité fut brisée et que le temps devint une dimension de l'univers. Dès ce commencement on avait paré à cette éventualité car il nous est dit que l'Agneau « a été immolé dès la fondation du monde » (Apoc. 13:8; Hébr. 9:22). Cette disposition en vue du salut de l'homme a été conçue par amour car l'homme n'avait aucun moyen de comprendre les implications immenses et la profondeur de son péché en Éden. Cette compréhension devait attendre, elle ne s'éclairerait qu'au Calvaire.


Ce mystère qui a été caché pendant des siècles et aux générations commença de se dévoiler lorsque Christ se livra lui-même aux mains de ses ennemis à la croix. Depuis l'éternité Dieu avait abandonné les propres plans, ses propres désirs, son propre « moi » et il prit sa croix. Il a dit à ses enfants que ceci est le fondement de son royaume et que quiconque voudra y entrer devra faire de même, c'est-à-dire renoncer à soi-même, prendre sa croix et le suivre. C'est ce principe que Lucifer a rejeté et c'est ce principe que rejettent les chrétiens de nom. Le christianisme vulgaire est disposé à se ranger du côté de Lucifer, à laisser Christ porter seul sa croix et à laisser aller les chrétiens. Qu'il soit le substitut de sorte que le moi puisse se sauver et que l'égo ne soit pas abattu. Mais l'intention de l'évangile est que nous « le considérions », lui, que nous ne soyons pas « las et découragés », car nous « n'avons pas encore résisté jusqu'au sang » (Hébr. 13:3-4).


C'est la haute destinée de cette génération de la fin des temps d'avoir une connaissance pleine et entière de ces questions éternelles et de les révéler au monde. Comparés aux hordes d'incroyants de l'histoire les fidèles ont été peu nombreux. Seuls Énoch et Élie ont été transférés et un petit nombre fut ressuscité au temps de la résurrection, et jugé digne de demeurer dans la présence de Dieu. Mais ceux-là ne sauraient être l'épouse de Christ. Il revient à une génération entière d'individus contemporains d'accomplir le dessein des siècles.


Dieu a « eu en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu'ils ne parvinssent pas sans nous à la perfection ». (Hébr. 11:40)


Cette église des derniers temps fixera la norme dans les pires conditions de tous les temps. Ils démontreront que l'Évangile est la « puissance de Dieu » et montreront « la justice par la foi ». Ils seront transmués sans connaître la mort physique. Ainsi « l'enquête » a pour but de trouver un peuple, tiré de toutes les nations, qui comprenne la véritable signification de la croix. Cette recherche fait comprendre la portée du « jugement d'investigation ». Dieu n'a pas besoin d'être informé, mais il faut trouver un peuple prêt à mettre ses pas dans ceux de Christ. Ils confirmeront la vérité de l'évangile dans tous les temps. C'est d'eux que Christ prend soin; il se tient à leur porte aujourd'hui!


Notre texte-clef, Daniel 8:14, a une signification plus vaste que « purifiés ». Après l'achèvement du temps en 1844, son sanctuaire devait être rétabli à sa place légitime, consacré de nouveau, purifié et restauré dans son état primitif. Alors la vérité du gouvernement de Dieu, l'Évangile lui-même, serait manifestée au monde entier. Christ aura communiqué à l'homme fini les attributs que l'homme aurait possédés depuis toujours s'il était resté loyal et fidèle à Dieu. Alors il sera prouvé que le Souverain Sacrificateur a toujours eu une tâche en rapport avec le coeur de l'homme et l'extermination du péché dans ce coeur. Alors on verra que Dieu n'a pas changé mais que l'homme a été recréé. Alors on comprendra que le péché, en réalité, est la volonté de tuer Dieu, et la justice par la foi équivaut véritablement à la volonté de mourir à soi-même. Alors on verra clairement que de toute éternité Dieu a été disposé à donner sa vie pour ses enfants et ses enfants seront éternellement prêts à renoncer à leur « moi » et à proclamer que « digne est l'Agneau ». Ainsi le péché ne renaîtra pas une seconde fois.


« Le thème central de la Bible », selon Ellen White, le thème autour duquel tous les autres dans la Bible se regroupent, est le plan de la rédemption, la restauration dans l'âme humaine de l'image de Dieu. Cela signifie que le ciel en tant que récompense s'efface : le véritable but du peuple de Dieu devient la défense de son nom en face de l'univers. Là est l'ultime moisson de l'Évangile et Dieu a toujours veillé à cet accomplissement qui est pour lui la force motrice de Jean 3:16.


Ceci distingue le vrai Dieu de tous les faux dieux que l'homme a jamais conçus. Ceci prouve que Dieu a une confiance en l'homme qui opère par l'amour. Ceci distingue le Dieu de l'univers de toutes les divinités païennes qui, de par leur nature même, exigent qu'on les apaise. Ainsi, en opposition à toutes les notions païennes, le créateur témoigne de son caractère et confirme sa justice par sa foi en l'humanité. Mais plus que cela, nous pouvons comprendre que la justice du caractère de Dieu est due à sa foi manifeste en l'homme. Cela donne une équation qui convient au combat cosmique entre la vérité et l'erreur. Cela signifie que la foi de Dieu en l'homme exprime sa justice tandis que la foi de l'homme en Dieu exprime sa justification. Cela amène au résultat pratique de la purification du sanctuaire. Cette confiance mutuelle fournit le lien d'amour préalable au mariage de l'Époux divin et de son Épouse, l'Église. C'est la raison pour laquelle il continue à frapper à la porte de son Épouse, bien que, dans une large mesure, son amour ait été jusqu'à présent dédaigné. Son amour confirme sa justice qui le contraint à persister, et lorsque l'Épouse répondra sans réserve, la « foi de Jésus » aura été vérifiée.


L'Évangile révélé dans les fils de Dieu


Le service quotidien dans le sanctuaire céleste avait pour objet le rappel du péché, c'était une sorte d'intercession continuelle. Le Jour de l'Expiation, une fois l'an, avait pour but d'effacer les péchés et de les expulser dans le désert. Il restait au péché de l'homme d'être enregistré à la croix et au véritable Agneau d'inaugurer son intercession continuelle. Un moyen fut fourni pour que tout péché conscient pût être confessé et réparé. L'esprit de l'homme devait être libéré et son péché conscient effacé. Mais au terme des 2 300 jours, après 1844, une oeuvre différente et bien plus considérable devait être accomplie. Désormais l'expiation n'ôterait pas seulement la culpabilité consciente en permettant à l'homme d'agir en dépit du péché : l'ultime révélation de cette opération céleste lui serait accordée et elle illuminerait les replis les plus profonds du coeur ou de la pensée inconsciente pour que le péché soit totalement vaincu. Ainsi devait se trouver rassemblé un groupe unique de personnes tel qu'on n'en avait jamais vu auparavant dans l'univers. Ce groupe devait être une troupe de « 144 000 » âmes préparées pour être l'Épouse de Christ. Elles se tiendraient devant le trône, « sans défaut ».


Les messages des trois anges doivent faire sortir de toutes les nations un peuple qui sache que Christ est prêt à faire plus qu'accorder simplement le pardon du péché. Pour réaliser toute la gloire de cette disposition, ce n'est pas suffisant. Qu'un peuple pèche, confesse son péché et se repente, pèche, confesse et se repente en un perpétuel et vain recommencement, c'est déprécier l'Évangile et considérer que son efficacité est nulle. Nous pouvons être reconnaissants à Dieu pour sa patience mais à partir de 1844 quelque chose de nouveau devait se produire. On nous a dit :


Les yeux de l'esprit ont besoin d'être éclairés par l'Esprit Saint afin qu'ils puissent distinguer le bien du mal. La repentance pour tel ou tel acte particulier ne suffit pas. Il faut que le coeur soit purifié. La mauvaise conduite découle de la source d'un coeur impur, inconverti.


Le pardon des péchés n'est pas le seul résultat de la mort de Jésus. Il a fait le sacrifice infini non seulement pour que le péché puisse être enlevé, mais pour que la nature humaine puisse être restaurée, retrouver sa beauté, être relevée de ses ruines et rendue digne de la présence de Dieu.


L'oeuvre de Jésus et de l'Évangile est d'arracher son peuple de ses péchés. Cela est en totale contradiction avec un faux évangile qui propose de sauver dans le péché.


Lorsqu'on nous dit en Jérémie 17:9 que le coeur est tortueux par dessus tout, et il est méchant, nous avons un avant-goût de la parole de Christ en Matthieu 15:19 : c'est du coeur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Un sinistre catalogue de crimes horribles qui ne sont pas réellement perpétrés mais qui existent dans la pensée. Cela nous apprend que la purification du sanctuaire traite de beaucoup plus qu'il n'apparaît.


Les registres du ciel, nous dit Ellen White, consignent les péchés qui auraient été commis si l'occasion s'était présentée.


Le péché est donc plus qu'un acte; c'est un état d'esprit. Cela signifie que les 144 000 sont spirituellement adultes et comprennent que la racine du péché doit être arrachée. Ce n'est pas seulement la pensée consciente qui sera restaurée et retrouvera sa beauté : le « sanctuaire intérieur de l'âme », les abîmes les plus profonds du coeur humain, l'inconscient même de ce Reste doivent être purifiés. Ce groupe choisi aura avec le péché le même rapport que Christ lorsqu'il dit : « Le prince du monde vient. Il n'a rien en moi. » (Jean 14:30). Ce groupe d'individus sera spirituellement mûr dans tous les sens de ce mot, ils seront ainsi les fils de Dieu car « ils seront semblables à lui ».


L'Église du reste a désespérément besoin de reconsidérer l'enseignement essentiel qui fait de nous un peuple. Nous ne pouvons continuer à considérer la vérité du sanctuaire simplement comme une doctrine sans application particulière à la vie de l'Église en tant que corps constitué. La vie entière de l'ancien Israël était centrée sur le service du sanctuaire, et à juste titre. Ce fut une querelle au sujet du service du sanctuaire aux portes de l'Éden qui occasionna le premier meurtre physique dans l'univers. L'enfant qu'Ève avait espéré devoir être le Sauveur s'avéra être le premier meurtrier parce qu'il refusa le culte que Dieu avait prescrit comme réponse au problème du péché. Les racines de l'existence d Israël, et même le genre humain tout entier remontent à ce plan que Dieu a donné au commencement et qui, à la fin des temps, doit apporter le salut intégral et délivrer l'univers du péché. Il y avait donc chaque jour confession des péchés conscients. Ce service quotidien devait soigner les symptômes du péché. Chaque année, le Jour des Expiations, ces péchés devaient être effacés. Ce culte devait guérir le mal. C'était le grand prélude à l'oeuvre de la fin des temps, il devait s'achever au terme des 2 300 jours. « Alors le sanctuaire sera purifié. »


Depuis la croix jusqu'en 1844, pendant plus de mille huit cents ans, Christ a offert son sang dans le lieu saint et l'espèce humaine, par la foi en lui, a eu accès à ce salut. L'Évangile assurait que tout péché conscient, s'il était confessé, serait pardonné. Une oeuvre s'accomplissait là pour la pensée consciente de l'homme. Le sang de Christ assurait cela. Cependant, à partir de 1844, une oeuvre nouvelle et différente devait être faite, aussi certainement que l'antique Jour de l'Expiation était différent du culte quotidien. Après 1844, les péchés qui eussent été commis si l'occasion s'en était présentée devaient être compris, et la haine inconsciente envers Dieu dévoilée. C'est parce que Laodicée ne « sait » pas qu'elle demeure dans son état misérable. Lorsque nous « saurons », alors se produira la repentance des siècles et le péché sera effacé. L'oeuvre de Christ dans le lieu saint et le lieu très saint comprend donc une oeuvre qui a affaire à l'esprit conscient et un travail plus profond de purification de l'esprit inconscient. Ainsi lorsque le travail sera achevé au Jour de l'Expiation, le peuple de Dieu sera prêt à le voir sans crainte ni culpabilité lorsqu'il apparaîtra, car « nous » serons semblables à lui.


Cela signifie que les 144 000 parviendront à comprendre pleinement ce qui n'avait été connu d'aucune des générations antérieures. Le péché secret de désirer tuer Dieu serait dévoilé et la racine du péché serait arrachée. La culpabilité serait expiée et, sans remords, sans défaut devant le trône de Dieu, ceux-là prendraient leur place dans la famille royale comme fils du Très-Haut. Une telle oeuvre n'aurait pu être accomplie ni comprise par aucune génération antérieure car aucun peuple antérieur n'a eu les messages des trois anges. La purification et la restauration du sanctuaire céleste ne pouvaient se produire avant que le temps ne fût accompli, non que Dieu s'y opposât, mais parce que l'homme n'était pas prêt.


L'Épouse, le corps constitué, doit avoir une intelligence qui se rende clairement compte de ce qu'a vécu le Fils de l'homme. C'est pour cela que beaucoup d'avis nous sont donnés indiquant que, lorsque Christ mettra fin à son ministère dans le lieu très saint, ceux qui sont marqués de sceau de Dieu seront sans médiateur. En voici un exemple :


Ceux qui vivront sur la terre lorsque l'intercession de Christ prendra fin dans le sanctuaire céleste, auront à se tenir en présence d'un Dieu saint sans médiateur. Leurs robes doivent être sans tache, leurs caractères purifiés du péché par l'aspersion du sang. Par la grâce de Dieu et leur propre effort diligent, ils doivent être vainqueurs dans le combat contre le mal. Pendant que l'instruction du jugement se poursuit dans le ciel, pendant que les péchés des croyants repentants sont chassés du sanctuaire, il doit y avoir, dans le peuple de Dieu sur la terre, un travail particulier de purification, d'expulsion du péché.


L'Épouse aura une expérience qui complète celle de l'Époux en son heure d'épreuve. Dans l'un et l'autre cas, il n'y a pas de médiateur; dans l'un et l'autre cas il n'y a pas de péché. La messagère du Seigneur fait cette comparaison :


Il avait gardé les commandements de son Père, et il n'y avait en lui aucun péché dont Satan eût pu prendre avantage. Telle est la condition dans laquelle doivent se trouver ceux qui se tiendront au temps de détresse. C'est dans cette vie que nous devons nous séparer du péché, par la foi au sang expiatoire de Christ.


Avec nos moyens limités, nous devons être aussi saints dans notre sphère que Dieu est saint dans sa sphère.


Certains se demanderont pourquoi un aussi haut degré d'excellence est exigé du Reste. Pourquoi les gens devraient-ils avoir des caractères « purifiés », « sans tache », « sans péché », saints « comme Dieu est saint », avec « le nom du Père écrit sur leur front »? Ce n'est pas du « perfectionnisme ». Ce n'est que la conséquence logique de l'acceptation de l'enseignement de l'histoire sainte et cela ne fait que mettre la dernière génération à sa place unique dans l'histoire humaine. Plus un peuple a reçu de lumière et d'expérience, plus est grande sa responsabilité. Alors que l'humanité s'enfonce dans une banqueroute morale, les circonstances exigent une ultime preuve de l'Évangile. Là où le péché abonde, la grâce surabonde. Une telle exigence pour la dernière génération est plus que justifiée.


Cette tâche ne pouvait être entreprise avant le grand jour de l'ultime expiation, et donc après 1844. Aucune des générations antérieures n'a eu les messages des trois anges et ces messages sont liés à la purification du sanctuaire. La vérité elle-même est une sorte d'information, et elle doit être enseignée : elle ne se contente pas d'arriver. Les messages des trois anges constituent le point culminant de l'information à la fin des temps, concernant le salut, et voici le jour de l'examen de passage de l'humanité. Même les prophètes de l'antiquité, si honorés, n'avaient pas la connaissance des derniers temps car ils n'avaient pas les messages des trois anges, afin qu'ils ne parvinssent pas sans nous à la perfection; (Hébr. 11:40). C'est seulement par la foi qu'ils pouvaient prévoir notre temps, mais ils n'avaient aucun moyen de se procurer les preuves accumulées de la vérité entière de toutes les époques que nous avons entre les mains.


Mais il y a plus. Aucune des générations antérieures n'a disposé de rien qui puisse se comparer, même de loin, avec les instructions détaillées données à l'Église du reste que nous trouvons dans l'Esprit de Prophétie. Non seulement on y trouve des instructions pour tous les aspects pratiques de la vie pour Christ, mais encore ce à quoi on peut s'attendre dans l'avenir et comment y faire face s'y trouve expliqué. Que pourrait-on faire de plus pour convaincre les enfants de Dieu de la grande attention qu'il leur porte et de son intention qu'ils soient véritablement des fils de Dieu?


Le tabernacle de Dieu parmi les hommes


Le second avènement de Christ n'a cessé d'être imminent depuis l'année 1844. La fin a été proche depuis que les 2 300 ans sont accomplis parce que cette prophétie est la dernière avant le second avènement au sein duquel le temps est un facteur. C'est pourquoi depuis 1844 tous les points du temps ont été équidistants de l'éternité en ce sens que la fin du temps était constamment imminente, dépendant de la voie que prendrait l'Église du reste. La fin aurait pu arriver il y a des années si l'Église l'avait véritablement désirée, si elle avait mesuré la terrible lutte engagée contre le gouvernement du ciel et la signification de l'expiation finale actuellement en cours. Elle arrivera maintenant lorsque l'Église la désirera véritablement et s'éveillera à la réalité de la situation.


Ainsi donc, lorsque l'Esprit de Prophétie fait des allusions répétées à la fin comme étant proche, ou redit « la fin est proche », il ne fait que dire la vérité, l'accomplissement final étant entre les mains de l'Église. La fin peut venir à tout moment, dès que des esprits humains saisiront les enjeux décrits dans les vérités révélées depuis 1844. Il y en a qui protesteront avec force contre l'idée que « la fin » est un problème qui dépend de l'Église, ou que le temps peut continuer indéfiniment. Ils considèrent qu'une telle notion est inconcevable et contraire à ce que certains nommeraient les desseins impénétrables de Dieu. Cependant, poussée jusqu'à sa conclusion logique, cette opinion revient à dire « Mon Seigneur retarde sa venue » et à rendre finalement Dieu responsable du péché. En outre, même un Dieu souverain ne foulera pas aux pieds l'amour et le respect qu'il a pour son épouse et sa liberté de choix. Il ne la contraindra pas à se préparer pour les noces.


Expliquer cela même succinctement implique la considération que si Dieu a donné son Fils parce qu'il aimait le monde et désirait délivrer ses enfants du péché, il est élémentaire de penser qu'il a un profond désir de voir « la fin » arriver. Si cette « fin » dépend de quelque chose que Dieu doit faire, l'embarrassante question se pose aussitôt : pourquoi n'a-t-il pas fait déjà ce qu'il fera un jour, car certainement il doit avoir le coeur déchiré en voyant la race humaine enlisée dans le bourbier du péché et de la souffrance.


Allons plus loin. Si Jésus est l'Époux divin et si son Église est l'Épouse, tous les indices qu'un homme peut saisir dans une relation nuptiale de cette nature convergent vers le fait que Jésus doit avoir un désir ardent et indicible d'avoir son Épouse auprès de lui. Si donc il y avait quelque chose de plus qu'il pouvait faire, il l'aurait fait.


Ajoutons à cela que si l'Esprit de Prophétie dit vrai en affirmant que l'Église aurait pu être dans le royaume plus tôt, la réponse globale n'en est que plus positive. Le temps va continuer, le fruit du péché deviendra de plus en plus amer, il y aura des « signes » de plus en plus impressionnants de la proximité de la « fin » - mais celle-ci ne peut venir avant que l'Église ne la désire véritablement.


Ceci est en complète harmonie avec la déclaration de Christ : « Pour ce qui est du jour ou de l'heure, personne ne le sait, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul. » (Marc 13:32). C'est à juste raison que pas même le Fils ne le connaît étant remonté au ciel comme membre de la famille humaine, pour rester à jamais uni à elle. Mais sa déclaration contient une assurance que quelqu'un sait. Aussi la race humaine peut reprendre courage : la confusion actuelle, la morne incertitude ne se perpétueront pas indéfiniment. Le sanctuaire sera purifié. L'Évangile fera la preuve qu'il est la « puissance de Dieu ».


Le coeur humain du peuple de Dieu sera purifié.


Mais la conscience adventiste est troublée. Elle est en quête d'une réponse - quand cette oeuvre sera-t-elle achevée? On nous a dit : l'oeuvre du jugement qui a commencé en 1844 doit se poursuivre jusqu'à ce que soit décidée la destinée de tous, tant des vivants que des morts; elle va donc durer jusqu'à la fin du temps de grâce. Mais quand celui-ci finira-t-il et comment tous les cas peuvent-ils être décidés? Il y a une réponse, et elle magnifie la destinée divine de l'Église adventiste. Un évènement du passé peut rendre cela tout à fait clair.


Apologie du jugement investigatif


Pendant bien des décennies le monde sportif s'est demandé si un homme pourrait jamais parcourir un mille (anglais) en quatre minutes. De nombreux champions avaient frôlé ce record, mais il leur avait toujours manqué quelques dixièmes de seconde. Pourtant, en 1954 un Anglais du nom de Roger Bannister réalisa « l'impossible » et parcourut un mille en moins de quatre minutes. Dans le monde entier, des athlètes saluèrent ce succès. Son exploit fut considéré comme si remarquable qu'il fut anobli en 1975. Mais son record ne resta pas isolé. Depuis l'année 1954 il a été battu des douzaines de fois par des coureurs d'au moins huit nationalités différentes. En 1957, le mille en quatre minutes devint si habituel qu'un coureur battant ce record naguère inaccessible termina quatrième.


L'exploit de Roger Bannister et de tous ceux qui l'ont suivi a résolu la question une fois pour toutes - un homme peut parcourir un mille en quatre minutes. Ils portent le sceau de leur victoire et sont juges à jamais de tous les athlètes précédents, vivants et morts, qui l'ont tenté. Ils ont établi un niveau d'excellence qu'on ne peut récuser.


D'une manière analogue, la dernière génération du peuple de Dieu sera juge de toute l'humanité passée comme de ses contemporains. Elle fera la preuve qu'il n'y a aucune raison d'échec et de péché. Elle prouvera la vérité de la purification du sanctuaire et confirmera que l'on peut se tenir devant Dieu sans confusion, car on s'est élevé au degré exigé d'Adam avant la chute. Tous les cas seront tranchés quand Laodicée, la dernière Église, se verra elle-même telle qu'elle est véritablement. Alors la repentance des siècles pourra avoir lieu et elle pourra recevoir le « vêtement blanc » et le discernement spirituel qui lui étaient offerts depuis longtemps. L'épreuve pourra prendre fin lorsque, avec une humble repentance, l'Église acceptera la robe de noces et ouvrira la porte à son Époux divin. Le mariage sera consommé. L'Époux céleste pourra dire alors « Tout est accompli ».


Qu'arrivera-t-il alors? « J'entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. » (Apoc. 21:3). En ce jour, le véritable sanctuaire sera purifié et restauré et la place où Dieu habitera sera avec son peuple. Alors, la vision de Jean sera la réalité. « Je ne vis point de temple dans la ville car le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple, ainsi que l'Agneau. » (Apoc. 21:22). Aucun bâtiment ne sera nécessaire. Dieu demeurera dans son peuple et eux en lui, unis par un lien d'amour véritable qui prouvera à jamais la fausseté des accusations de Satan et soutiendra éternellement la vérité de l'Évangile et du caractère de Dieu.