Ainsi il y a eu de graves incompréhensions dans le peuple de Dieu au cours des âges. Le dernier malentendu notable eut lieu avec nos propres prédécesseurs spirituels. Étant dans l'Église de Philadelphie, ils n'ont pas vu qu'une autre Église devait monter sur la scène avant que la fin ne vienne. Pour nous qui regardons le passé, c'est clair. Il y a d'autres faits de notre histoire qui, après un siècle et demi ne sont pas aussi évidents.


Personne n'oserait nier que la connaissance scientifique progresse à une allure stupéfiante. Les disciplines universitaires et la science en général continuent à se spécialiser de plus en plus à mesure que dans chaque champ de recherche les détails connus se multiplient et ouvrent à leur tour de nouvelles perspectives à explorer. N'est-il pas raisonnable de se demander si l’Église a fait des progrès similaires en discernement spirituel ? En savons-nous plus que nos pionniers qui, par la prière et des études sérieuses, découvrirent les vérités qui font de nous un peuple ? Au bout d'un siècle et demi, nous devrions comprendre que nous avons beaucoup plus à offrir au monde qu'un projet égocentrique et sentimental de logement et de pension gratuits dans des demeures célestes. Des principes éternels sont en jeu et nous sommes appelés à les rendre manifestes.


Au cours des siècles, le christianisme s'est approprié certaines doctrines considérées comme fondamentales. Si nous croyons aux Écritures, nous devons envisager le fait que dans les derniers temps ces doctrines seront corrompues à un point tel que « les habitants de la terre seront enivrés » d'idées fausses (Apoc. 17:2). Quoi que l'on énumère comme « éléments fondamentaux » du christianisme, une chose est claire, le monde chrétien ne s'intéresse nullement à la vérité du sanctuaire et du jugement. Cela demeure un bien particulier aux Adventistes du 7e Jour. Malheureusement, jusqu'à ce jour nous n'avons ni vu ni pleinement apprécié sa valeur et c'est là que réside notre pauvreté, la marque propre de Laodicée.


Cette vérité qui met notre Église à part était le coeur et l'âme de la vie hébraïque qui a abouti au premier avènement du Messie. L'importance qu'elle avait alors demeure la même aujourd'hui. On nous a donné ce conseil :


« Dans le service typique, seuls ceux qui s'étaient présentés devant Dieu avec confession et repentance, et dont les péchés étaient transférés au sanctuaire par le sang du sacrifice expiatoire, avaient part au service du jour des expiations. De même au grand jour de l'expiation finale et du jugement investigatif, les seuls cas pris en considération sont ceux du peuple qui confesse Dieu. »


Ceci devrait nous faire comprendre notre position. L'Église du reste a un rôle particulier à remplir, aussi véritablement qu'Israël jadis. L'oeuvre de la purification du sanctuaire et le message que nous avons pour le monde sont rendus clairs dans le conseil qui nous a été donné :


« Pendant que le jugement investigatif se déroule au ciel, pendant que les péchés des croyants pénitents sont ôtés du sanctuaire, il y a un travail particulier de purification, de rejet du péché dans le peuple de Dieu sur la terre. Ce travail est plus clairement exposé dans les messages d'Apocalypse 14. Lorsque ce travail aura été accompli, les disciples du Christ seront prêts pour sa venue. »


En tant que peuple, nous ne pouvons éluder notre relation avec le message d'Apocalypse 14. Cela signifie qu'il y a pour nous « un travail particulier de purification, de rejet du péché ». Le premier ange a proclamé l'heure du jugement de Dieu, ce qui était le message de William Miller et de ses associés, et il continue jusqu'à ce jour. Ces deux messages (Apoc. 14:6-8) précédaient celui du troisième ange qui délivra le message le plus terrible jamais proclamé à la race humaine. Le troisième ange dit : « Si quelqu'un adore la bête et son image, et reçoit une marque sur son front ou sur sa main, il boira, lui aussi, du vin de la colère de Dieu. » (Apoc. 14:9-10).


Le péché qui fait éclater la colère de Dieu doit être un péché très grave. Quoi que les Adventistes aient pu dire dans le passé au sujet de l'identité de la bête et de son image, - le protestantisme apostat et sa marque, le faux sabbat - nous avons peut-être un problème plus grave à affronter. Si nous mettons quoi que ce soit au-dessus du vrai Dieu, ou si nous laissons quoi que ce soit prendre sa place, tout aussi sûrement nous rendons un culte à la bête. Tout rejet de la vérité est un rejet de l'Auteur de la vérité. L'adoration de la bête dans sa forme ultime et la plus sinistre n'est rien d'autre qu'adoration et hommage rendus au « moi ». Ce « moi » est ce que la psychologie nomme l'« égo » et ceci a des implications qui sont très vastes et très subtiles, et en grandes parties inconnues.


Au cours des ans, il a été relativement aisé de proclamer les messages du premier et du second ange. Le message du troisième ange est de plus en plus difficile. Il a un rapport avec la purification du sanctuaire. On peut voir dans le conseil qui suit la relation particulière que le message du troisième ange a avec la purification du sanctuaire :


« Ceux qui rejetèrent le premier message ne purent tirer bénéfice du second; il ne tirèrent pas bénéfice non plus du cri de minuit, qui devait les préparer à entrer avec Jésus par la foi dans le lieu très saint du sanctuaire céleste. Et en rejetant les deux premiers messages, ils ont obscurci leur entendement à un point tel qu'ils ne discernent aucune lumière dans le message du troisième ange, qui montre le chemin pour entrer dans le lieu très saint. »


L’Église a une place unique


Les Adventistes ne doivent pas se fondre dans la foule et devenir comme tout le monde. Si nous perdons notre place unique en tant que « le reste » nous n'avons aucune raison d'exister. Que Dieu porte intérêt à un peuple particulier, c'est évident dans l'Écriture. « Nous » sommes la « maison » de Dieu « si nous retenons jusqu'à la fin la ferme confiance et l'espérance dont nous nous glorifions. » (Hébr. 3:1-6). De même la « maison de Dieu ... est l'église du Dieu vivant » (1 Timothée 3:15) : Cette « maison » a eu un Architecte Divin : « Voici, un homme dont le nom est germe... il bâtira le temple de l'Éternel. » (Zacharie 6:12-13) « Un tabernacle fut, en effet construit... qu'on appelle le sanctuaire » (Hébr. 9:2). Il importe à l'Architecte que son « église », sa « maison », son « temple » soit construit sur un fondement céleste, sans défauts :


« Son église doit être un temple bâti sur le modèle divin, et l'architecte céleste a apporté du ciel son roseau d'or afin que chaque pierre soit taillée et équarrie selon les dimensions divines, et polie de telle sorte qu'elle brille comme un emblème du ciel, envoyant dans toutes les directions les beaux rayons éclatants du Soleil de Justice. »


Sommes-nous capables de comprendre quelle place particulière est la nôtre ? La « maison de Dieu », l'« Église de Dieu », le « temple du Seigneur », le « tabernacle » et le « sanctuaire » sont tous des projets divins confiés au Maître d'Oeuvre. Lorsqu'il travaille à l'un d'eux, il travaille à tous car ils sont identiquement, sous sa garde, - un lieu où il habite. Tout ce qui est entrepris dans le lieu le plus saint doit aussi avoir quelque lien avec l'Église de Dieu. C'est cette église qui doit proclamer le message du troisième ange, et c'est ce message qui montre le chemin du lieu très saint. Cela signifie que « la purification du sanctuaire » doit avoir un rapport étroit avec l'église. William Miller entrevit quelque chose de cette vérité, jadis.


L’Église connaît-elle son péché?


Le service du sanctuaire dans son ensemble a été institué parce que le plan de Dieu avait été saboté. Le Créateur avait pris toutes les dispositions nécessaires pour ses enfants. Physiquement et moralement ils seraient entretenus en bonne santé et heureux. Ils devaient faire partie de la famille céleste et l'association familiale devait devenir de plus en plus satisfaisante de part et d'autre dans l'éternité. Ils devaient jouir de la communion avec Dieu et avec les saints anges. « Aussi longtemps qu'ils restaient fidèles à la loi divine, leur aptitude à connaître, à jouir et à aimer s'accroîtrait continuellement. Ils ne cesseraient d'acquérir de nouveaux trésors de connaissance, de découvrir de nouvelles sources de bonheur, et de parvenir à des conceptions de plus en plus claires de l'amour incommensurable et inépuisable de Dieu. » Mais le plan de Dieu fut contrecarré. Les saboteurs entrèrent en scène.


Le récit des Écritures est sans équivoque. Jusqu'alors Adam trouvait ses délices dans le face à face avec Dieu, au lendemain de sa désobéissance il s'enfuit devant la face de Dieu. C'était le même Dieu créateur, et physiquement le même Adam. Le changement était survenu dans la pensée d'Adam. Le principe de ce changement se trouve dans les sophismes du serpent à qui Adam se fia. Il crut qu'il serait comme Dieu (Gen. 3:5) et c'est là que se révèle la racine même du péché.


À l'évidence, il n'y a aucun moyen pour l'homme d'être comme Dieu à moins qu'il ne soit capable de se débarrasser de Dieu, c'est-à-dire de le tuer. La logique de cette affaire est claire car c'est Christ qui a dit que le diable « a été meurtrier dès le commencement » (Jean 8:44). Cela veut dire simplement que Satan ouvrit à Adam la perspective de se débarrasser de Dieu et l'homme accepta cette offre. Il est peu probable que l'homme ait compris cela consciemment, en fait il est probable qu'il ne le comprit pas. Mais cela ne change rien aux conséquences. De même Lucifer ne comprit certainement pas la gravité de son péché et toutes ses terribles conséquences quand il commença à mettre en question le droit et l'autorité de Dieu. Toutefois cela ne modifie en rien le fait que, dès l'instant où il consentit mentalement au projet, il « était un meurtrier ».


Comme l'avait promis le serpent, les yeux d'Adam et d'Ève s'ouvrirent. Ils surent qu'ils avaient besoin de vêtements, et le Seigneur dans sa miséricorde, même à l'heure de leur péché, vint à leur aide. Il leur procura des vêtements de peaux, et cela signifiait la mort de quelque créature innocente. L'étape suivante pour l'homme qui commençait à comprendre « le bien et le mal » fut de tuer une créature de ses propres mains - prendre la vie que Dieu seul peut donner. « Pour Adam, l'offrande du premier sacrifice fut une cérémonie très douloureuse ». C'était la première fois qu'il voyait la mort. Il frémit à la pensée que son péché était si grand qu'il versait le sang. Mais il commença à être instruit au sujet de l'offrande de sacrifices vivants et les fondements du culte du sanctuaire qui ne serait connu des enfants d'Israël que bien des siècles plus tard. La terrible vérité que le péché cause la mort commença à apparaître.


Les faits nous montrent que le peuple ne comprit pas vraiment. Voir dans la mort de chaque victime la racine du premier péché, le désir d'être comme Dieu, c'était hors de leur sphère de pensée habituelle. Leur entendement était si immature que le véritable Agneau de Dieu ne fut pas reconnu quand il vint. Cela donne une signification profonde à la prière de Christ suspendu à la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » (Luc 23:24) Si étrange que ce soit, le péché séculaire fut un péché inconnu. Alors que l'univers entier regardait le culte du sanctuaire, on commença à apprendre que « tout ce qui n'est pas le produit de la foi est péché »; et le problème serait crucial jusqu'à la fin des temps, comme Jésus l'a indiqué : « Quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? » (Rom. 14:23; Luc 18:8) L'homme en transférant sa foi de Dieu à lui-même a apporté le péché dans ce monde, et avec lui « le temps » et le détour que Dieu n'avait pas prévu pour l'homme.


Ce détour se poursuivra aussi longtemps que les enfants de Dieu cultiveront leur inimitié à son égard. Cette inimitié est cause de l'angoisse du monde au sujet du second avènement de Christ. On espère que cet événement n'aura lieu que dans un avenir éloigné. C'est cette inimitié qui cause le péché volontaire. C'est cette inimitié qui fait trembler les Adventistes pour le moment où leurs noms seront appelés pour le jugement. Paul attire l'attention là-dessus en Romains 8:6 : « l'affection de la chair, c'est la mort, tandis que l'affection de l'Esprit, c'est la vie et la paix; car l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas. »


Nous avons besoin de comprendre que « l'affection de la chair est inimitié contre Dieu », et il n'y a aucune raison de trembler de peur car « l'affection de l'Esprit, c'est la vie et la paix. » Cela signifie que « la rédemption » ne peut être achevée tant que cette inimitié ne sera pas ôtée et que le peuple de Dieu ne sera pas délivré de ce que Crosier appelle « l'esclavage du péché et ses conséquences ». Le caractère de Dieu étant ce qu'il est, Il a accepté de livrer son Fils entre les mains de l'homme qui réclamait sa place. Il a accepté de payer le prix suprême que ses enfants exigeaient. Il a voulu qu'ils sachent que le péché est finalement la volonté de détruire Dieu.


L'église ne cesse d'avoir besoin de comprendre cela. Le véritable « temps d'épreuve » ne sera pas souffrance physique, soif et faim, toutes choses qu'ont endurées les martyrs, mais plutôt l'effrayant réveil de la conscience quand elle en viendra à comprendre que le péché tue. Une telle compréhension ne pouvait naître qu'à la fin des temps lorsque le sanctuaire devait être purifié.


Dieu veut que son Église connaisse son péché


Le Seigneur a établi le culte du sanctuaire pour nous aider à comprendre exactement ce qu'Il était prêt à faire pour nous. Tout animal tué par la main du pécheur représentait un Calvaire en miniature. Il devait prouver que Dieu ne se réservait rien, pas même son Fils, afin d'amener l'homme, par tous les moyens, à prendre conscience de la rébellion si profondément enfouie dans son esprit. Le service devait être un catalyseur pour fondre le coeur orgueilleux et endurci. Rien d'autre que le « sang » ne pouvait laver un péché inconscient si profondément caché – la volonté de tuer Dieu.


Quant à ceux qui soutiendraient que l'homme n'a jamais eu une telle inimitié profondément cachée contre Dieu, et qu'il est tout à fait absurde de penser que l'homme pourrait songer à tuer Dieu, qu'il nous suffise d'écouter les paroles de Christ en Matthieu 21:33-44. Christ y raconte la parabole d'un homme qui planta une vigne, l'entoura d'une haie, puis l'afferma à des vignerons et s'en alla dans un pays lointain. Lorsque le temps de la récolte fut arrivé, le maître envoya ses serviteurs pour recueillir le produit. Mais on les maltraita.


Lorsqu'un second groupe de serviteurs eût été maltraité, le maître de maison envoya son Fils en espérant qu'on le respecterait. Jésus lui-même était le Fils envoyé pour recueillir la récolte, mais lorsqu'Il dit à ses auditeurs que même le Fils serait traité sans respect et finalement mis à mort « pour prendre son héritage », ou, en réalité, sa place, ils n'en cherchèrent que davantage à « se saisir de lui » car « ils comprirent que c'était d'eux qu'il parlait. » Ils ne voulaient pas reconnaître les conséquences du péché profondément enfoui dans leurs propres coeurs.


Cette parabole n'était que la prédiction ou l'anticipation de l'événement réel qui allait suivre. Toutefois, avant l'ultime crime au Calvaire, il y eut encore une scène réelle qui aurait dû ouvrir les yeux des Juifs sur l'inimitié inconsciente cachée dans leurs coeurs.


En Jean 8:33 et la suite, Christ s'adresse à ses frères, les Juifs. Dans le dialogue, ils insistent sur le fait qu'ils sont la postérité d'Abraham; il était leur père et ils n'ont jamais été esclaves de personne - car ils ne comprennent pas que Jésus veut dire : commettre le péché, c'est être esclave du péché. Jésus leur dit qu'ils cherchaient à le faire mourir, et que s'ils étaient les enfants d'Abraham comme ils sont les enfants du « Père ». Dieu lui-même, comme ils le prétendent aussi, alors ils aimeraient Christ. Il poursuivit en leur disant qu'ils avaient pour père « le diable ». Ils répliquèrent que Jésus avait un démon, mais il répondit : « Je n'ai point de démon; mais j'honore mon Père », et Il ajouta qu'ils ne connaissaient pas le Père, mais que lui, il connaissait le Père. La fin du passage confirme tout ce que Jésus avait dit car elle signale qu'« ils prirent des pierres pour les jeter contre lui. »


Ce que Jésus leur a dit devrait nous ouvrir les yeux. Ses auditeurs n'avaient fait que traduire en action la haine profondément enfouie dans leurs coeurs. Ils n'avaient pas conscience de cette inimitié. Jésus avait essayé de leur faire prendre conscience du fait qu'ils étaient esclaves du péché, les enfants du « diable », prisonniers de l'inimitié contre le Fils, représentant de Dieu. Leur incapacité à comprendre a été transcrite pour « nous servir d'avertissement. »