Christ était constamment confronté au problème de parler à des gens qui avaient des oreilles mais n'entendaient pas. Même ses disciples, tout comme les scribes et les pharisiens, ne parvenaient pas à comprendre des vérités nouvelles qui leur étaient présentées. C'était, disait-il, comme de s'efforcer de « mettre une pièce de drap neuf à un vieil habit », ou « du vin nouveau dans de vieilles outres » : ce n'était pas aisé à faire. (Matthieu 9:16-17).


Nous pouvons comprendre ce problème si nous prenons garde à ce que Jésus disait : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai » (Jean 2:19). Les Juifs n'avaient jamais entendu prétention aussi effrontée - un édifice qu'on avait mis quarante-six ans à construire, ce Charpentier le construirait en trois jours! - « mais il parlait du temple de son corps » (verset 21). Ce n'est qu'après sa résurrection que les disciples comprirent. Il nous reste à bien comprendre ce que cela signifie pour l'Église du reste.


Les écrits de Paul nous disent que Jésus savait de quoi il parlait. Lorsqu'il disait « le temple », il ne parlait pas de l'édifice de pierre à Jérusalem. L'Écriture déclare clairement :


« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit. Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous? Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira; car le temple de Dieu est saint, et c'est ce que vous êtes ... Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l'a dit : « J'habiterai et je marcherai au milieu d'eux; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple » (1 Cor. 6:19; 3:16-17; 2 Cor. 6:16).


Il nous faut bien saisir que ce « temple de Dieu » est en relation vitale avec la nouvelle alliance. Suggérer que Dieu va « habiter » et « marcher » avec son peuple fait penser au livre des Hébreux : « Voici l'alliance que je ferai avec eux, après ces jours-là ... Je mettrai mes lois dans leurs coeurs, et je les écrirai dans leur esprit. » (Hébr. 10:16)


Nous voyons bien d'après l'histoire biblique que le sacerdoce lévitique et les rites de son époque ne rendaient pas un peuple parfait. Les cycles quotidiens et annuels de rites ne furent jamais qu'un type. C'était seulement un chapitre dans les rapports de Dieu avec son peuple. Il s'agissait de les préparer à la vérité que les anges eux-mêmes avaient de la difficulté à croire, que « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique » afin que les coeurs humains soient changés. L'oeuvre qui se présentait consistait à « purifier » la conscience et à avoir un peuple « parfait pour toujours » qui serait « sans tache devant le trône de Dieu ».


La Parole de Dieu montre clairement qu'à la fin les êtres humains doivent devenir la demeure de l'Esprit Saint. Ceci rend vivante la doctrine d'un sanctuaire dans le ciel. « Ô Dieu, saintes sont tes voies. » (Ps. 77:13) Il ne s'agit pas simplement de quelque lieu reculé de l'univers où Dieu habite. Sa sollicitude pour l'humanité donna Son Fils comme une rançon pour être éternellement un membre de la famille humaine, afin que nous puissions savoir qu'Il prend un suprême intérêt à ce « temple de Dieu ... et vous êtes ce temple ». La preuve en est donnée par la manière dont le Témoin Fidèle continue à frapper à la porte de Son temple à Laodicée.


Par conséquent, la question essentielle est de savoir si la purification du sanctuaire céleste, avant que Christ ne puisse revenir, a une signification éthique, ou si c'est simplement un rite accompli dans quelque recoin de l'univers sans rapport avec nous. C'est l'horreur de la vérité aveuglante qui se superposait aux rites des Juifs qui les poussa à cette condamnation : « crucifie-le ». Nous sommes confrontés à la même question. Il nous est beaucoup plus aisé de promouvoir des objectifs, de pousser à un recrutement toujours plus nombreux de membres de l'Église, de nous saturer d'émotions avec de la musique et le spectacle d'énormes assemblées tout en nous enivrant des splendeurs matérielles du ciel - le tout ensemble ou l'une de ces choses - plutôt que de regarder en face la signification éthique de la vérité telle qu'elle se présente à nous individuellement et en tant que collectivité.


La promesse que Jésus a faite de revenir, rapportée en Jean 14:1-3, contient beaucoup plus qu'il n'y paraît à première vue. Les « demeures » dans la maison de son père, décrites dans le texte grec, sont des « habitations » ou lieux de résidence. Le Dieu qui « dit et cela fut » n'a pas besoin de siècles pour préparer une place pour son peuple - si une telle place est matérielle. Toutefois, préparer une « habitation » ou Dieu et son peuple demeureraient véritablement ensemble, où celui-ci serait « le temple du Dieu vivant », et Dieu habiterait au milieu d'eux et marcherait avec eux », et partout où il serait, son peuple aussi y serait, cela, en vérité, exigerait une préparation. Cela, ce n'est pas un ouvrage de briques et de ciment ni même de pierres précieuses, mais fait plutôt de coeurs, « des pierres » vivantes. Une oeuvre de cette nature prendrait certainement du temps et nul ne peut savoir combien de temps au juste il y faudrait.


Bien des textes des Écritures viennent à l'appui de l'idée que « temple », « sanctuaire », « tabernacle » ou « maison de Dieu » apportent sens et profondeur à la noble vocation du peuple de Dieu. C'est là qu'on doit trouver la vérité profonde de ce que « Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment » ( 1 Cor. 2:9), à savoir un caractère, une expérience des profondeurs de Dieu révélées par son Esprit. Son peuple, « les gens de la maison de Dieu » sont réunis pour faire « un temple saint dans le Seigneur ».


« Par lui nous avons les uns et les autres accès auprès du Père, dans un même Esprit. Ainsi donc, vous n'êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes. Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. En lui tout l'édifice, bien coordonné, s'élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en esprit. » (Éphésiens 2:18-22)


Le « tabernacle véritable » et le conseil divin


Ellen White a beaucoup parlé du « tabernacle véritable ». Si l'on considère quelques-unes de ses nombreuses déclarations, on comprend comment l'homme est en définitive le véritable tabernacle, le temple dans lequel Dieu désire habiter. L'expérience des croyants de 1844 a amené le commencement d'une compréhension de l'heure du jugement dernier, conforme à la nouvelle alliance. Elle n'était pas destinée à fournir de meilleures dispositions légales et judiciaires pour des pécheurs soumis, mais à ce que des pécheurs soient justifiés par la foi. Les notions Protestantes évangéliques de la fin ne s'accordent pas avec cette doctrine du sanctuaire et du jugement et l'oeuvre qui doit s'accomplir dans le coeur humain. La vocation et la réalisation sublimes préparées pour le reste sont uniques :


« Qu'ils me fassent un sanctuaire; afin que je puisse habiter parmi eux », telle fut la directive donnée à Moïse quand il était sur la montagne avec Dieu... C'est le seul sanctuaire qui ait jamais existé sur la terre, dont la Bible nous informe. Paul déclara que c'était le sanctuaire de la première alliance. Mais la nouvelle alliance n'a-t-elle pas de sanctuaire? Se tournant de nouveau vers le livre des Hébreux, ceux qui cherchaient la vérité comprirent que l'existence d'un second sanctuaire ou sanctuaire néotestamentaire était impliquée par les paroles de Paul déjà citées : « La première alliance avait aussi des ordonnances relatives au culte, et un sanctuaire terrestre ». L'emploi du mot « aussi » indique que Paul a déjà fait mention de ce sanctuaire. Revenant au début du chapitre précédent, ils lurent : « Le point capital de ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui s'est assis à la droite du sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme. »


C'est là qu'est révélé le sanctuaire de la nouvelle alliance. Le sanctuaire de la première alliance fut dressé par l'homme, construit par Moïse; celui-ci est dressé par le Seigneur, non par un homme. Dans le premier sanctuaire, les sacrificateurs terrestres célébraient le culte; dans celui-ci, Christ, notre Souverain Sacrificateur, officie à la droite de Dieu. L'un des sanctuaires était de la terre, l'autre est au ciel. »


Il est clair d'après cela qu'il existe un « sanctuaire de la nouvelle alliance » distinct et séparé de celui qui fut construit par Moïse. C'est ce sanctuaire que Crosier « découvrit » à l?époque du désappointement et c'est ce sanctuaire que les Évangéliques méprisent. Une compréhension plus profonde est soulignée dans un autre passage :


Le terme « sanctuaire » tel qu'il est employé dans la Bible, se réfère en premier lieu au tabernacle construit par Moïse, comme un type des choses célestes; et en second lieu, au « tabernacle véritable » dans le ciel, que le sanctuaire terrestre désignait. À la mort de Christ, le service typique prit fin. Le « tabernacle véritable » au ciel est le sanctuaire de la nouvelle alliance. Et comme la prophétie de Dan. 8:14 est accomplie dans cette dernière, le sanctuaire auquel elle se réfère doit être le sanctuaire de la nouvelle alliance.


Ces citations affirment que le « tabernacle véritable » est le sanctuaire de la nouvelle alliance. Elles font une différence entre le sanctuaire de Moïse et celui de Dieu; l'un était « sur la terre », l'autre « au ciel ». Cela n'implique pas nécessairement pour chacun d'eux une localisation géographique, si on considère le ciel comme un lieu éloigné dans l'univers. En fait, Jean vit à la fois « un nouveau ciel et une nouvelle terre », ce qui indique quelque chose de plus qu'une localisation géographique. (Apoc. 21:1). Là où Dieu habite, c'est un lieu saint.


On peut considérer d'une autre manière l'importance de ceci. L'un était le sanctuaire de l'homme, l'autre était le sanctuaire de Dieu. Le sanctuaire de l'homme offrait un refuge vétérotestamentaire contre la culpabilité et le péché; une protection « légale ». Le sanctuaire de Dieu programmait une confrontation néo-testamentaire avec la culpabilité et le péché, qui constituerait une expérience nouvelle pour des coeurs humains. L'un comme l'autre, l'édifice transportable du désert et le splendide temple de Salomon à Jérusalem étaient faits par l'homme. Mais le Seigneur a fait un tabernacle qui est sa création, convenant à Dieu et à sa situation élevée dans l'univers. L'un est « terrestre », l'autre est « céleste ». Aussi vrai que Dieu est plus grand que l'homme, le tabernacle qu'il a fait est plus élevé que celui qu'a fait l'homme; le sien n'est « pas construit de main d'homme ».


L'histoire dit clairement que la « nouvelle alliance » a un lien essentiel avec le caractère du peuple de Dieu : « Je mettrai mes lois dans leur esprit, je les écrirai dans leur coeur. » (Hébr. 8:10) Par conséquent le sanctuaire de Daniel 8:14 qui se réfère au « sanctuaire de la nouvelle alliance » a un lien explicite avec l'esprit et le coeur du peuple de Dieu. Le conseil du ciel nous l'affirme : « Ce qui était fait en tant que type dans le ministère du sanctuaire terrestre, est fait en tant que réalité dans le sanctuaire céleste. L'un était un préalable; l'autre une préparation du coeur à la purification du péché, préparant à la translation.


Le « tabernacle véritable » et le ciel


Les Adventistes ont longtemps confondu le ciel avec l'or, l'argent et les pierres précieuses - matérialisme grossier. Le christianisme en général conjure l'« égo » de faire le bien en vue de gagner une récompense, et d'éviter le mal pour échapper au châtiment éternel. Mais c'est là l'appel de toutes les autres religions dans le monde, qu'elles soient païennes, philosophiques ou autres. Chacun offre quelque utopie qui doit se réaliser dans le futur, la seule différence étant la route à suivre pour y parvenir. Les Adventistes du 7e Jour sont appelés à une compréhension beaucoup plus élevée pour eux-mêmes et pour le monde, sans laquelle ils n'ont aucune raison d'être.


L'Évangile nous dit que le seul motif possible pour Dieu de donner son Fils à ce monde est l'amour pour ses enfants (Agapè). Christ a accepté de renoncer à « lui-même » et de « prendre sa croix » pour les chercher. C'est une compréhension de cette vérité qui contraint son peuple à se rapprocher de Lui. Il y a là un amour mutuel dont on ne peut se détourner et qui domine toutes les autres puissances dans l'univers. Il crée une atmosphère spirituelle qui fait pâlir la représentation matérialiste du ciel, et sa localisation n'a plus guère d'importance.


Ce lien d'amour donne à l'oeuvre de Christ dans le « tabernacle véritable » une importance suprême. L'église sur la terre est très étroitement reliée au ciel, comme nous le dit le conseil suivant :


Alors que Jésus officie dans le sanctuaire d'en haut, il est toujours par Son Esprit le ministre de l'église sur la terre.


Le bonheur du ciel, on le trouvera en se conformant à la volonté de Dieu, et si des hommes deviennent membres de la famille royale du ciel, ce sera parce que le ciel a commencé pour eux sur terre.


Chaque heure qui passe maintenant est une heure d'activité dans les célestes parvis, afin de préparer un peuple sur la terre... Si nous voulons être des saints là-haut, il nous faut d'abord être des saints ici-bas.


Le Seigneur a institué son église comme une lumière dans le monde, pour guider le monde vers le ciel. Elle doit être un morceau de ciel sur la terre, répandant la lumière divine sur le chemin des âmes plongées dans les ténèbres.


Au-delà du voile intérieur, il y avait le saint des saints où se concentrait le rite symbolique de l'expiation et de l'intercession, et qui formait le trait d'union entre ciel et terre.


Le ciel est bien plus qu'un simple lieu matériel - c'est une compréhension, une expérience vécue qui commence ici et maintenant pour le peuple de Dieu en ce monde. La fonction ministérielle que Christ accomplit maintenant est un ministère pour l'Église sur la terre. De même que dans le culte typique, le saint des saints était le trait d'union avec le ciel, au Jour des Expiations, de même le saint des saints a un rôle particulier en rapport avec l'oeuvre sur la terre à l'heure du jugement après 1844.


Le « tabernacle véritable » et Christ


Lorsque Christ dit aux Juifs de détruire le temple et qu'en trois jours il le relèverait, il parlait de son corps. Ni les Juifs ni ses disciples ne comprirent ce qu'il voulait dire. Pour nous, c'est facile. Nous pouvons voir comment sa mort et sa résurrection concordent avec la prophétie et l'histoire. Paul a aussi perçu quelque chose de la signification profonde de cette vérité. En Hébreux 9:11, il nous dit : « Mais Christ est venu comme souverain sacrificateur des biens à venir; il a traversé le tabernacle plus grand et plus parfait, qui n'est pas construit de main d'homme, c'est-à-dire qui n'est pas de cette création. »

Christ avait dit cela auparavant - son « temple » fut élevé et Il devint un Souverain Sacrificateur dans un « tabernacle parfait ». Il est devenu ce Souverain Sacrificateur dans son humanité; de même que les membres de son peuple sont appelés à offrir leur corps en sacrifice vivant, de même il offrit le sien réellement. L'éclat de cette vocation sublime de l'église du reste apparaît dans ce qui suit :


Lorsque Moïse fut prêt à construire le sanctuaire comme une demeure pour Dieu, il reçut instruction de faire toutes choses conformes au modèle qui lui avait été montré sur la montagne... Ainsi, à Israël dont il désirait faire sa résidence, il avait révélé son idéal glorieux du caractère. On leur montra le modèle sur la montagne quand la loi fut donnée au Sinaï... Israël avait choisi d'en faire à sa guise. Ils n'avaient pas construit conformément au modèle; mais Christ, le vrai temple pour le séjour de Dieu, modela le moindre détail de sa vie terrestre en harmonie avec l'idéal de Dieu... Ainsi doivent être construits nos caractères pour l'habitation de Dieu par son Esprit.


Si Israël avait pu comprendre cela, l'histoire du monde aurait pu être totalement différente. Dieu désirait plus que tout faire d'eux sa demeure. Le tabernacle n'était qu'un symbole de ce dessein. Cet espoir divin dut attendre la venue de Christ, mais en lui ce qui était une possibilité devint un fait, et lui, le véritable temple pour l'habitation de Dieu, modela chaque détail conformément au modèle de Dieu. Ainsi nos caractères doivent-ils être édifiés et ainsi l'église peut-elle être sûre qu'il y a un tabernacle là où Christ demeure. Par la vertu de sa mort et de sa résurrection il est devenu le ministre du tabernacle véritable, que le Seigneur a dressé et non l'homme. Combien rapidement l'histoire du monde sera changée à notre époque lorsque les observateurs du Sabbat connaîtront le désir du Seigneur et que leurs caractères seront édifiés pour être une demeure de Dieu par l'Esprit!


Le « tabernacle véritable » et l'Église


En 1844, après le désappointement, une nouvelle tâche devait être accomplie qui n'avait jamais été entreprise auparavant. Les croyants devaient constater et comprendre la rébellion du coeur humain contre Dieu et la vérité. Leur inimitié était restée inconsciente, attendant la révélation de l'expiation finale. Le travail qui commençait alors aboutirait à une complète réconciliation; l'expiation deviendrait un fait. Il y aurait un peuple marqué du sceau, préparé à voir Dieu face à face. Cette apposition du sceau décrite tant dans l'Apocalypse que dans Ézéchiel, atteint son apogée et elle est décrite par la messagère du Seigneur comme une expérience solennelle :


La catégorie de personnes qui n'éprouvent pas de douleur de leur propre dépérissement spirituel et ne s'affligent pas des péchés des autres ne recevra pas le sceau de Dieu. Le Seigneur donne ses ordres à ses messagers, les hommes qui ont dans leurs mains des armes de destruction : « Passez après lui dans la ville, et frappez; que votre oeil soit sans pitié, et n'ayez point de miséricorde! Tuez, détruisez les vieillards, les jeunes hommes, les vierges, les enfants et les femmes; mais n'approchez pas de quiconque aura sur lui la marque; et commencez par mon sanctuaire! Ils commencèrent par les anciens qui étaient devant la maison. »


Ici nous voyons que l'Église, le sanctuaire du Seigneur, sera la première à subir les coups de la colère de Dieu. Les anciens, ceux à qui Dieu avait donné de grandes lumières, qui avaient eu la charge de gardiens des intérêts spirituels du peuple, ont trahi leur mission.


La gravité de ce conseil réclame toute notre attention; il faut noter en particulier que l'Église est « le sanctuaire du Seigneur ». Son souci n'est pas quelque travail lointain de secrétaire qui contrôle les livres, mais plutôt d'avoir une église qui soit véritablement son tabernacle. Le monde est rempli de milliers de bâtiments merveilleux érigés au nom du Seigneur. Pour nombre d'entre eux la construction a duré des décennies et il y en a qui sont vieux de plusieurs siècles. Cependant le monde, aujourd'hui, attend de voir la splendeur d'une « maison » pleinement et totalement dévouée au service de Dieu. Les matériaux ne manquent pas, mais celui que le Seigneur avait fourni n'a pas été utilisé. L'Église du reste reçoit cette assurance :


Le Seigneur a donné à son Église des capacités et des bénédictions, afin qu'elle puisse présenter au monde une image de sa plénitude, que son église soit accomplie en lui, un représentant continuel d'un autre monde, à savoir le monde éternel, de lois qui sont plus hautes que les lois de la terre. Son Église doit être un temple construit selon la ressemblance divine : l'architecte céleste a apporté du ciel son roseau d'or pour mesurer, afin que chaque pierre soit taillée et équarrie selon la mesure divine, et polie pour qu'elle brille comme un emblème du ciel, lançant de tous côtés les rayons lumineux et éclatants du Soleil de Justice.


Le monde entier sera attiré par une église construite d'après ces plans, à la ressemblance divine. La Pierre d'angle a été posée et l'Architecte divin continue à chercher des « pierres vivantes » pour achever la maison. La destinée de l'Église, la signification du type et de l'antitype - l'accomplissement du dessein formé à la fondation du monde - ont été mis entre les mains du peuple de Dieu pour qu'il s'en empare et s'en serve.


Le tabernacle juif était un type de l'Église chrétienne. L'Église de la terre, composée de ceux qui sont fidèles et loyaux envers Dieu, est le « tabernacle véritable », dont le Rédempteur est le ministre. Dieu, et non l'homme, a dressé ce tabernacle sur une plateforme élevée. Ce tabernacle est le corps de Christ, et du nord, du sud, de l'est et de l'ouest il rassemble ceux qui veulent aider à le former. Par l'intermédiaire du Christ, les vrais croyants sont représentés comme formant ensemble une demeure de Dieu par l'Esprit.


Une compréhension de la vocation incommensurablement élevée que Dieu a donnée à l'Église du reste possède en elle-même un pouvoir contraignant que nous n'avons pas encore compris. Aussi vrai que le temple de pierre et de matériaux précieux dans l'Ancienne Jérusalem était la merveille du monde, de même l'univers s'émerveillera devant la splendeur du tabernacle, l'Église sur la terre, le corps de Christ, lorsqu'il deviendra vraiment la demeure de l'Esprit.


Le « tabernacle véritable » et le peuple du reste


La gloire de la création de Dieu telle qu'elle sortit de ses mains devait être encore magnifiée lorsqu'Adam et Ève furent faits à son « image ». Ils étaient uniques, non des « anges secourables » mais des êtres créés à sa propre ressemblance pour dominer la terre. Avant tout ils devaient être en communion avec Dieu, face à face. Ainsi ne cesserait de grandir leur compréhension du Créateur, et à lui cela procurerait une compagnie qui satisferait l'essence même de son être propre - l'amour personnifié. Mais ce dessein fut contrecarré, et Dieu fut réduit à tenter de ramener l'homme à sa place originelle de communion face à face. Il fut contraint de le faire, car c'étaient ses enfants. La grandeur de son dessein est exposée au Reste dans des pensées augustes :


De toute éternité c'était le dessein de Dieu que tout être créé, depuis le noble et saint séraphin jusqu'à l'homme soit le temple où habite le Créateur. À cause du péché, l'humanité cessa d'être un temple pour Dieu. Enténébré et souillé par le mal, le coeur de l'homme ne reflétait plus la gloire de la divinité. Mais par l'incarnation du Fils de Dieu, le dessein du Ciel est accompli. Dieu habite dans l'humanité, et par la grâce salvatrice, le coeur de l'homme devient de nouveau son temple... En purifiant le temple des marchands et des acheteurs du monde, Jésus annonça sa mission de purifier le coeur de la souillure du péché.


Si l'homme n'avait pas consenti au péché, il n'y aurait pas eu besoin de temple au temps d'Israël. L'homme tel qu'il avait été créé aurait continué à être le temple de Dieu et la communion n'aurait jamais été rompue. Il n'y aurait pas eu besoin d'un médiateur. Avec une force particulière, ceci nous enseigne, à nous qui avons la doctrine du sanctuaire et du jugement, que lorsque « le coeur de l'homme deviendra de nouveau son temple », le besoin d'un médiateur cessera. La substitution prendra fin car substitution et perfection sont incompatibles. La confrontation avec « soi-même » à la lumière de la croix aura ôté tout prétexte pour tuer Dieu. La dépravation du coeur humain sera dénoncée et l'homme sera prêt à prendre sa place sur la croix avec Christ. C'est la suppression du voile entre la nature divine de Christ et la nature de péché de l'homme qui a déclenché la désespérance du Calvaire. Cette confrontation entre le péché et la justice est la coupe offerte à la dernière génération. Lorsque le peuple de Dieu sera prêt à la boire, il sera prêt à le voir face à face. Christ pourra se lever et annoncer : « Tout est accompli ». Mais il ne peut le faire avant que ce ne soit un fait, et cela ne peut devenir un fait avant que le Reste ne comprenne ce que cela implique. Le péché inconscient, l'inimitié de Laodicée doivent être dévoilés. Pendant des millénaires Dieu s'est efforcé d'aider son peuple à comprendre; mais la septième Église a reçu un conseil particulier :


Dieu a cherché à inculquer à Israël la sainteté de son caractère et de ses exigences... Mais le peuple était lent à apprendre la leçon... Par pitié pour leur faiblesse, Dieu leur donna un symbole de sa présence. « Qu'ils me fassent un sanctuaire », dit-il, « afin que je puisse habiter parmi eux » ... Ainsi à Israël dont il désirait faire sa demeure, il révéla son glorieux idéal de caractère... mais cet idéal, ils étaient par eux-mêmes, incapables de l'atteindre... C'est par Christ que devait être accompli le dessein qui fut, longtemps plus tard, exposé par l'apôtre Paul, parlant par l'Esprit saint : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu » ... Dans la préparation du sanctuaire et son ameublement, tout le peuple devait coopérer... Il devait coopérer aussi à la préparation de l'édifice spirituel - le temple de Dieu dans l'âme.


« Par pitié » Dieu leur donna un « symbole », mais ce n'était qu'un symbole. Le véritable dessein avait trait à l'âme humaine. Le peuple de Dieu n'a pas encore chanté le cantique de Moïse et de l'Agneau. Mais c'est notre privilège de monter plus et encore plus haut, pour des révélations plus claires du caractère de Dieu. Lorsque Moïse pria : « Fais-moi voir ta gloire », le Seigneur ne le repoussa pas, il exauça sa prière... C'est le péché qui obscurcit notre esprit et trouble nos perceptions. En exauçant sa prière, Dieu revêtit Moïse de sa gloire. Alors « par pitié » pour la culpabilité et le manque de promptitude du peuple à faire face à son propre péché inconscient, Dieu permit à Moïse de voiler cette gloire, et ce voile demeure toujours. Ce n'est pas un voile sur la Shekinah de Dieu en tant que telle, mais un voile sur le coeur, qui a pris la forme des symboles. Les symboles devinrent la réalité, et l'édifice spirituel que Dieu voulait construire, son temple dans l'âme, attend jusqu'à ce jour d'être pleinement édifié.


Si le reste pouvait entrevoir cette vocation sublime et sainte, la fascination du monde disparaîtrait. Nous saurions que nous sommes « l'édifice de Dieu », sa « maison », son « temple », son « tabernacle véritable », et que son intérêt et sa préoccupation profonde sont dans « le temple de l'âme » de l'homme.


Aucune génération antérieure de l'humanité n'a été confrontée à une vérité de cette importance. La haute destinée que Dieu a préparée pour son peuple attend son acceptation - la purification et la restauration du sanctuaire.